Montagnes graphiques
Je vis à Grenoble depuis bientôt 10 ans, et contrairement à beaucoup de grenoblois d’adoption, je ne suis pas arrivée ici par passion de la montagne. J’ai plaisir à les voir de ma fenêtre ou dépasser au bout de la perspective des grands boulevards, je me suis habituée à leur présence imposante autour de la ville, mais je ne les fréquente pas assidument, loin de là. Une ballade de temps en temps, une journée à la neige à l’occasion, sinon je me contente très bien de leur faire un signe de loin. En termes d’image je suis rarement charmée par les représentations de montagne. Les salles du musée de Grenoble consacrées à la peinture de montagne font partie de celles que je zappe volontiers et la plupart des photos pêchent à mon goût par leurs excès de réalisme et leurs couleurs saturées: tout ce blanc étincelant, ce ciel bleu si bleu, ces pâturages si verts… J’apprécie quand même beaucoup les atmosphères romantiques à la Friedrich où les sommets sont perdus dans les brumes. Et pendant mon voyage au Népal j’avais été marquée par les Annapurnas: à partir de 3000m, on marche à côté du brouillard, il a l’air de danser, ralentir, accélérer, vous envelopper puis s’éloigner… comme un compagnon de voyage. Et quand on est dedans, il rend le paysage presque abstrait, voire synthétique. Etrange perception que j’ai essayé de rendre dans cette illustration où je mélange les tendances low poly et zentangle. Je travaille sur une série où je varie les motifs, les formats et les couleurs des nuées, à suivre sur mon blog.